Stations

Stations

Louise Lecavalier, chorégraphe et interprète

Au summum de son art, Louise Lecavalier poursuit sa vertigineuse odyssée. Nourrie de la mémoire du corps, elle danse en reliant quatre stations, comme autant de points cardinaux et d’états physiques successifs aux frontières de l’intime et du sacré. Toujours en recherche de sa propre vérité, tour à tour en apnée, puis possédée d’une énergie foudroyante ou en presque totale immobilité, elle s’abandonne à ce corps : un pur objet de turbulence.

Biographie

Extrême, remplie d'une énergie enflammée, la danse de Louise Lecavalier a captivé l'imagination de toute une génération. Elle a travaillé avec Édouard Lock et La La La Human Steps de 1981 à 1999, une période d'une intensité exceptionnelle ponctuée d'œuvres devenues mythiques et de collaborations scintillantes (David Bowie, Frank Zappa…).

Depuis la création de sa propre compagnie, Fou glorieux , en 2006, ses recherches sur le mouvement sont emblématiques de toute sa carrière, mettant l'accent sur le dépassement des limites et la prise de risque, une recherche de l'absolu pour faire émerger le « plus que -l'humain dans l'humain ».

Après So Blue en 2012, sa première chorégraphie complète, et Battleground en 2016, l'œuvre solo Stations est créée en février 2020 en Allemagne, et cumule plus d'une soixantaine de représentations au Québec, au Canada et à l'international. Une nouvelle création verra le jour à la fin 2024. Lecavalier a reçu de nombreux prix prestigieux au cours de sa carrière.

Entretien avec Louise Lecavalier

Question #1
L'intensité - l'urgence - de la dépense physique est toujours au cœur de votre danse, même si elle s'exprime différemment au fil de votre carrière. Pourquoi?

Ma danse s’exprime souvent par une action intense et vive, telle une course naïve vers l’avant, une excitation vis-à-vis les possibilités du présent et d’un futur proche. Pousser mon corps dans la vitesse, c’est manifester. Ça peut sembler primaire mais c’est essentiel. C’est la base de ma recherche pour créer. Jeune c’était presque naturel de défier le temps, de le pousser vers l’avant, aucune peur, je ne voulais surtout pas le ralentir. Aujourd’hui, choisir encore le jeu de la vitesse et de l’intensité en studio, contient peut-être une part d’addiction, mais c’est délibéré. C’est un acte exubérant au quotidien.

Question #2
Après les duos dans So Blue et Mille Batailles, la forme solo de Stations est-elle un défi, une libération ou une nécessité?

Le solo est un défi, le duo en est un aussi et j’aimerais y retourner. Stations s’est imposée comme un solo à partir d’une recherche que j’ai faite pour un projet théâtre-danse, de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, sur Marguerite Porete, poète mystique du 13^e siècle. J’ai simplement continué plus loin sur le chemin que ça ouvrait.

Libération ou nécessité? Ça me libérait, m’éloignait de la forme de la pièce précédente, le duo de Mille Batailles. Révélant de nouvelles choses, une minute, une heure, un jour à la fois. Je ne sais pas si c’est une nécessité, j’aimerais penser que c’est nécessaire. Peut-être que le solo me permet de danser avec tout le monde en même temps. Il me semble qu’en solo, je deviens plus poreuse aux autres.

Question #3
Comment la musique a-t-elle nourri la création de Stations?

La musique est essentielle parce qu’elle est tellement collée au travail de recherche en studio, c’est ce qui est le plus concret. Dès le début, je travaille avec des musiques qui inspirent les différents rythmes et détails des mouvements. Avec le temps et au fil des répétitions, les choix musicaux s’imposent. Il me semble même que je deviens graduellement un des instruments de la musique du spectacle. L’aspect mental (réflexions, sensations et émotions) nourrit aussi la danse. Stations est un jeu d’accumulations et d’agencements entre ces différentes lignes, ondes et pensées.

Louise Lecavalier
17-06-2024